Les problèmes de l'OMC
La question quant à l’avenir de l’OMC peut légitimement se poser au regard des difficultés que rencontre l’organisation pour conclure le cycle de Doha, lancé en 2001 et censé servir les intérêts des pays en développement. Pascal Lamy, l’actuel directeur général de l’organisation, ne parvient pas à boucler un cycle de négociations commerciales internationales et cela pour la 1ere fois depuis la création du GATT en 1947. Du fait de la marginalisation croissante de l’ OMC comme lieu de compromis commerciaux au profit des traités bilatéraux de commerce, mais aussi à cause des promesses non tenues d’un cycle censé produire de nouvelles règles commerciales favorisant le développement des pays du sud, la conclusion du cycle semble bien mal partie.
Les dernières projections réalisées sur la base des compromis possibles montrent en effet que le sud dans son ensemble, gagnerait moins d’un centime d’euro par personne à la mise en œuvre de ces règles nouvelles. Celles-ci permettraient une diminution du nombre de pauvres (ceux vivant avec moins de 2 dollars par jour) de 6 .2 millions de personnes seulement, soit 0.3% du total des pauvres des pays en développement. Pire : les pays riches y gagneraient deux fois plus de revenus que les pauvres et 25 fois plus par habitant.
Toutefois les pays les plus pauvres ont de bonnes raisons de se sentir frustrés par le « paquet développement » qui leur a été offert pour masquer l’absence de consensus sur le grand volet de la négociation : à savoir la libéralisation des marchés agricoles, la réduction des obstacles aux échanges industriels et l’ouverture du secteur des services.
L'OMC travaille de la même façon que si l'on mettait un adulte et un enfant dans un ring de boxe. C’est comme mettre sur le même terrain de foot Manchester United et une équipe zimbabwéenne inconnue. L’OMC présume que tous les pays sont égaux – mais ils ne le sont pas. L’OMC devrait aider à rendre les pays plus égaux entre eux.
Moses Tekere, Trade and Development Centre, Zimbabwe